La suite de la première partie de Saint Seiya Hadès s'est fait attendre pour arriver cet hiver sur les écrans nippons. Bien évidemment, les questions affluent : aura-t-on la même qualité que pour les précédents OAV ? Retrouvera-t-on la 3D plaisante ? Le changement quasi intégral d'équipe et la mise en retrait de Shingo Araki ne sera-t-elle pas préjudiciable à ce chapitre de l'enfer ? Si les doutes affluent, il semble se confirmer dès le visionnage des premiers épisodes qui pêche largement au point que l'ensemble ne laisse supposer qu'à un retour en arrière digne d'un film comme Les Guerriers d'Abel. La déception prime mais le mythe reste... à peine...
Le scénario reprend à la fin des précédents OAV. Athéna est parti combattre Hadès dans le monde des morts, Seiya s'est lancé en chute libre à sa poursuite, les autres chevaliers de bronze s'apprêtent aussi à atteindre les rives du Styx alors que le sanctuaire s'écroule. Une nouvelle aventure commence dans un nouvel univers parmi lesquels résident les plus puissants des 108 spectres du dieu de l'Enfer. La confrontation s'annonce désavantagée (comme d'habitude) mais les chevaliers de bronze veulent prouver une nouvelle fois qu'ils ont les ressources nécessaires pour rester les protecteurs d'Athéna.
Pas d'événement scénaristique particulier à notre, l'oeuvre originale de Kurumada est adaptée telle quelle. A vrai dire, il aurait difficile de faire autrement. La mythologie grecque est, par conséquent, remise au goût du jour avec le monde des enfers, ses légendes, ses lieux, ses personnages-clés. Aucune surprise particulière pour le fervent lecteur du manga qui trouvera recracher le scénario à l'identique, Kurumada veillant tout de même au grain de ce côté-là. Le reste est une autre histoire...
Du sens commun, ce n'est pas par le scénario que Saint Seiya arrivera à sublimer les aventures des quatre increvables masochistes revêtant des armures. Le ton répétitif et défendant les valeurs du courage et de l'amitié typiquement shônen sont devenus lassantes au fil du temps. Mais alors, pourquoi regarder ce chapitre Inferno ? Le chapitre du sanctuaire avait été enthousiasmant par son côté technique et quelques révélations intéressantes sur l'historique du sanctuaire. L'incontestable point fort de cette première partie de la trilogie des OAV consacré à Hadès avait été son côté technique et en particulier sa 3D. Bizarrement, Inferno a tout perdu entre temps, de l'intérêt pour le scénario au chara design en passant par la technique. Imbuvable. Le retour en arrière est énorme et le changement tellement brutal qu'il en devient déstabilisant, déroutant. L'attente était grande, elle est forcément déçue côté technique car le manque de fonds ne pouvait laisser augurer des meilleurs auspices pour cette suite. Mais les explications du désinvestissement sont pourtant simples...
Après le succès du premier chapitre de l'Enfer, le studio Toei s'est lancé dans un nouveau film sur le chapitre inexploré face à Zeus avec Tenkai Hen : Ouverture. Le bide fut considérable. Du coup, le studio sent le vent tourner et préfère miser ses billes avec parcimonie, provoquant un changement considérable pour cette suite manquant cruellement de moyens financiers. Au retrait des mauvaises surprises, la mise en retrait (voire à l'écart) de Shingo Araki au profit d'un ancien de la série, un changement de chara designer et de seiyuu, la disparition quasi intégrale des superbes plans en 3D et le scénario confié à un Yôsuke Kuroda capable du meilleur (Trigun) comme du pire (s-CRY-ed, Ring no Kakero). Au final, Inferno conserve juste les qualités inusables et basiques de la série, à savoir la définition de valeurs chevaleresques car même le rythme frénétique est en perte de vitesse. Dubitatif, le spectateur essayera de se consoler en cherchant à droite et à gauche mais c'est vraiment trop peu pour espérer obtenir une compensation suffisante. Le chara design rappelle vraiment trop désagréablement (par instants) les films de Saint Seiya, l'animation est correcte mais à cent lieux de celle du premier chapitre. Mince, très mince, trop mince...
Autre surprise, le générique mythique change au niveau de l'opening et de l'animation. Plutôt réussi mais Pegasus fantasy était devenu représentait tellement le symbole de l'adaptation animée qu'il est regrettable de le voir disparaître. Néanmoins, plutôt bon sans être exceptionnel, cette nouvelle introduction représente ce qui avait été voulue, une démarcation par rapport aux chapitres précédents. Quelques incohérences ou ellipses scénaristiques apparaissent avec entre autres Shiryu qui passe du statut d'aveugle à... plus aveugle en rentrant dans le monde des morts. Si le manga met le doigt dessus, les OAV oublie complètement l'explication.
Si vous ne connaissez pas le dénouement du manga de Kurumada, vous n'aurez peut-être plus jamais envie de le savoir tellement cette partie est décevante. En raison des changements importants dus aux inévitables répercussions commerciales du raté Tenkai Hen, Inferno ne brillera pas par sa sublimité mais plutôt par son incompétence. La dernière partie s'annonce mal, très mal...