City Hunter, tu nous as laissé tant de souvenirs, que ce soit les coups de massue géante reçus, tes dragues incessantes ou tes grands moments de bravoure. Monsieur l'obsédé et le justicier, aujourd'hui est un grand jour, vos aventures reprennent pour notre plus grand plus bonheur. Voilà à peu près 10 ans que tous les fans l'attendaient. C'est enfin chose faite avec Angel Heart où Tsukasa Hojo reste à la baguette. Mais attention, ce n'est pas une suite proprement dite. L'auteur nous prévient dès le début et considère plutôt ce manga comme un monde parallèle. Selon lui, Angel Heart n'a aucun rapport avec City Hunter, même si les personnages ont des noms semblables avec ceux de son ancienne série, les liens sont infondés. Bref, cela est un discours préventif et prudent de sa part destiné à ne pas frustrer les anciens fans. En effet, les éléments et personnages sont bien identiques entre les deux séries et Angel Heart correspond tout à fait à une suite.
Les dernières pages de City Hunter laissaient entrevoir le couple qu'allait former Ryo et Kaori. Angel Heart reprend l'histoire peu après. Glass Heart est une jeune adolescente de 15 ans formée pour être une machine à tuer à la solde d'une mafia taiwanaise. N'en pouvant plus de sa vie tournée vers le crime, elle se suicide et seul un nouveau coeur pourrait la sauver. Dans le même temps, alors que les deux amoureux s'apprêtent à se marier, Kaori décède d'un accident de voiture. Son coeur, prélevée pour une transplantation, sera volé par l'organisation criminelle afin que Glass Heart survive. Etrangement, cette dernière ressent tous les souvenirs et les émotions éprouvées par Kaori. Elle se réveillera alors pour chercher City Hunter et mettre fin à sa situation de tueuse.
Oui, vous avez bien lu. Kaori n'est plus là et c'est sur ce point que se situe la principale évolution du manga. Adieu les coups de massue géante ou ses colères meurtrières et bonjour à une jeune fille fragile psychologiquement, inadapté à la société et dont les talents de nettoyeur sont aussi développés que ceux de City Hunter. Comme on pouvait s'en douter, ce sera lui qui servira de sensei, même de père, à cette jeune fille en quête d'identité.
Alors, sans Kaori, est-ce que le manga peut rester aussi bon ? La réponse est assurément positive. Un personnage féminin vient de disparaître mais un autre au moins aussi intéressant vient d'arriver. Un personnage peut être un peu trop remarquable, beaucoup plus bombe sexuelle de 22 ans que gamine de 15 ans. Quant à son langage, c'est le must du bizarre, souvent normal mais parfois incorrect grammaticalement. On peut peut-être mettre ça sur les différents langages utilisés, l'histoire se déroulant tant à Taiwan qu'au Japon. Ceci dit, il fallait au moins cela pour que la série reparte de plus belle.
Tsukasa Hojo a réussi à évoluer, créer une série différente de son oeuvre culte sans y perdre ce qui faisait son charme. Il a préféré développer l'histoire et les sentiments plutôt que la comédie. Angel Heart est plus sombre, plus violent et plus moderne. Son scénario, sous prétexte d'y croire, est plus complexe que celui de City Hunter et assure ce qu'on en demande, à savoir du rythme, une évolution et une trame intéressante. L'auteur a réussi à coupler à cette histoire l'humour et les personnages secondaires de City Hunter. Quel plaisir de retrouver Falcon, Saeko ou les célèbres mokkori de Ryo Saeba. A cela s'ajoute les formidables talents de dessinateur de Tsukasa Hojo. Le manga est clair, privilégiant le réalisme et mettant fin au super-deformed. Les traits sont fins, les formes superbes, les décors fouillés et les présentations de chapitre, surtout celles en couleur, sont vraiment splendides. C'est sûrement un des plus beaux mangas que l'on puisse lire mais malheureusement pas toujours mis en valeur par une adaptation graphique qui peut s'avérer désastreuse et un papier un peu trop transparent. Cela pour un prix légèrement excessif. Au moins la traduction fait au moins honneur aux dessins.
Avec Angel Heart, City Hunter a enfin sa suite. Plus qu'une simple reprise, elle est l'évolution du manga vers une approche plus moderne. Même si l'humour est un peu moins présent, tous les éléments qui faisaient son charme sont conservés et le tout est renforcé par un dessin de toute beauté. Mais de là à dire comme Tsukasa Hojo qu'il n'y a rien en commun entre les deux séries tient de la bêtise. City Hunter reste le City Hunter.